Miami, entre 1974 et 1976, à Little Havana, Bosch et ses réseaux d’exilés cubains, souvent entraînés et soutenus par la CIA, ont instauré un véritable climat de terreur : attentats à la bombe, assassinats ciblés, luttes internes et liens avec la mafia locale transformaient le quartier en un laboratoire du terrorisme anti-Castro. Dick Russell, Little Havana’s Reign of Terror , 1976 [1]
Opération Mongoose : la matrice du terrorisme anticastriste
Les archives déclassifiées du National Security Archive montrent que, dès 1961, la Maison-Blanche de Kennedy transforme Miami en base arrière de la guerre secrète contre Cuba. Sous la houlette du général Edward Lansdale, l’Operation Mongoose coordonnait infiltrations, sabotages, propagande noire, réseaux clandestins et financement de commandos d’exilés. Le centre JM/WAVE de la CIA devint alors la plus grande station de renseignement hors Langley.
Ces opérations — qualifiées par certains analystes américains « d’obsession inquiétante » des frères Kennedy — posèrent les fondations d’un écosystème hybride où se mêlaient mafias cubaines, paramilitaires, groupes terroristes anticastristes et agences fédérales [2].
Miami : plaque tournante du terrorisme et des opérations clandestines
À partir des années 1960, cette infrastructure clandestine — héritée de l’opération Mongoose — transforma durablement Miami en centre névralgique du terrorisme anticastriste, des opérations de la CIA, des réseaux narco-paramilitaires colombiens et d’une droite radicale latino-américaine en recomposition [3].
Dans le livre : 1976 – El exilio del terror, Jorge Majfud, professeur à l’université de Jacksonville, montre comment la ville de Miami est ensuite devenue le cœur logistique d’un système transnational mêlant exilés radicaux, mercenaires recyclés, sociétés-écrans et agents fédéraux. Il reconstitue les réseaux cubano-américains responsables de l’assassinat d’Orlando Letelier et Ronni Moffitt à Washington, ainsi que de l’attentat du vol Cubana 455, documentant une longue série de sabotages, incendies, attentats à la bombe, guerres biologiques et opérations clandestines pilotées depuis la Floride [4].
Le terrorisme cubano-américain des années 80-90 : entre exilés, réseaux secrets et complicité implicite des services américains
L’histoire du terrorisme cubano-américain après 1976, qui reste largement ignorée, se poursuit dans les années 80 et 90, souvent sous la protection implicite des appareils de sécurité américains. Comme le rappelle l’article de Alan McPherson, Professor of International and Area Studies, ConocoPhillips Chair in Latin American Studies, and Director of the Center for the Americas at the University of Oklahoma, « Long View : How the Fight Against Castro Once Terrorized U.S. Cities », le Movimiento Nacionalista Cubano (MNC), coordonné depuis le New Jersey et lié aux réseaux de Miami, collabora avec la DINA de Pinochet pour l’attentat contre Letelier [4].
Ces groupes — commando commande Omega 7, Alpha 66, CORU — ont ensuite mené des dizaines d’attaques sur le sol américain : explosions dans des commerces, bombes dans des consulats, agressions contre des journalistes et des diplomates. Bien que documentés par le FBI, ces faits sont effacés de l’imaginaire américain, tandis que les médias ont requalifié ces terroristes en “exilés anticommunistes” ou “combattants de la liberté”, effaçant la continuité du terrorisme cubano-américain des années 70 aux années 90.
Omega 7: The Anti-Fidel Castro Bombings | The FBI Files | Real Crime
La mémoire effacée du terrorisme d’État
La juriste Marjorie Cohn, dans A History of US Terrorism against Cuba—The Cuban Five’s Campaign against Terrorism [5] expose la longue histoire des opérations terroristes menées depuis le territoire américain contre Cuba, souvent avec la tolérance ou la complicité tacite des services fédéraux.
Pendant plus de cinquante ans, des groupes d’exilés basés à Miami ont orchestré des centaines d’attentats contre des hôtels, des infrastructures touristiques et même des avions civils, visant à affaiblir le gouvernement révolutionnaire. Cohn met en lumière la contradiction fondamentale du discours américain sur le “terrorisme” : alors que Washington prétendait combattre la violence politique après le 11 septembre, il hébergeait et finançait sur son sol des organisations terroristes opérant contre Cuba.
Son étude retrace également l’histoire des Cuban Five, agents infiltrés dans ces groupes pour prévenir de nouvelles attaques. Arrêtés en 1998 et condamnés dans des procès entachés d’irrégularités, ils furent présentés comme des espions dangereux alors qu’ils menaient une campagne défensive contre le terrorisme. Cohn démontre que leur incarcération fut moins un acte de justice qu’un message politique : punir ceux qui révélaient la collusion entre la CIA, la droite anticastriste et les réseaux criminels floridiens.
Ainsi, l’analyse de Cohn complète celle de Majfud : le terrorisme contre Cuba n’est pas un accident historique, mais un prolongement structurel de la politique étrangère américaine, avec Miami comme centre logistique.
La droite radicale et la mafia floridienne : le cas Marco Rubio
Ce terreau mafieux et paramilitaire irrigue aussi la classe politique floridienne. L’enquête du Miami New Times: Marco Rubio’s Ties to a Drug-Smuggling Brother-in-Law Were Closer Than Advertised [6] montre que Marco Rubio, faucon interventionniste et figure centrale du lobby cubano-américain, est le produit organique de cet écosystème : liens étroits avec son beau-frère narco Orlando Cicilia, immersion dans les réseaux d’exilés anticastristes, financement par les mêmes cercles qui ont soutenu les groupes armés pro-US depuis les années 70.
Puis, lorsqu’il était major whip de la Chambre des représentants de Floride, Rubio a écrit, sur papier à en-tête officiel, une lettre en juillet 2002 recommandant Orlando Cicilia – alors récemment libéré après une condamnation pour trafic de cocaïne – pour l’obtention d’une licence immobilière. Il omettait de préciser que Cicilia était marié à sa sœur, et que ce dernier vivait dans la même maison que les parents de Rubio — un conflit d’intérêts manifeste. Le candidat justifia cette recommandation en expliquant qu’il croyait que Cicilia « devait être jugé sur ses propres mérites » et qu’une mention de lien familial “aurait pu être perçue comme une pression indue”. As GOP Whip, Rubio Helped Ex-Con Brother-in-Law Get Real Estate License [7].

Marco Rubio, produit d’un écosystème de corruption et de réseaux mafieux
L’affaire David “La Trampa” Rivera illustre une constante dans la trajectoire de Marco Rubio : depuis ses débuts, il évolue au cœur d’un réseau politique où s’entremêlent corruption, blanchiment d’argent, lobbying clandestin et liens directs avec les milieux mafieux de Miami. Dès les années 1990, Rubio se forme dans l’appareil cubano-américain le plus radical de la Florida, aux côtés de figures notoirement impliquées dans des opérations douteuses, comme les frères Díaz-Balart ou les opérateurs de Radio/TV Martí financés par le gouvernement étasunien.
Un rapport du Government Accountability Office (GAO) des États-Unis a accusé Radio et TV Martí de se livrer à de la propagande politique, d’employer dans ses émissions un langage parfois offensant et incendiaire, de s’appuyer sur des rapports non fondés venant de Cuba, et de présenter des opinions individuelles comme des faits objectifs. Radio and TV Martí : Washington Guns after Castro at Any Cost [8].
« La situation critique des médias anti-cubains financés par le gouvernement des États-Unis, comme Radio et TV Martí, dans le contexte des coupes budgétaires instaurées par l’administration Trump puis poursuivies sous Musk. Ces médias, qui forment une véritable « industrie du mal », ont bénéficié pendant près de 7 décennies de centaines de millions de dollars pour mener une campagne de subversion contre le régime cubain. Une grande partie des financements provenait d’agences comme USAID, le National Endowment for Democracy (NED) et le département d’État américain. L’importance politique et la servilité des médias dépendants envers les intérêts impérialistes américains, et particulièrement le rôle des élus cubano-américains en Floride (dont Marco Rubio) dans le maintien de ces mécanismes, malgré leur échec patent »[9].
L’alliance de Rubio avec David Rivera – surnommé “El Ejecutor” et “La Trampa” pour ses méthodes opaques – révèle un binôme dont la carrière politique, financière et immobilière a constamment été liée à des pratiques de faveur, de lobbying illégal et de flux d’argent non déclarés.
Les enquêtes du FBI, du département du Trésor et de l’IRS montrent que Rubio gravitait autour de transferts suspects liés à CITGO, à des réseaux bancaires situés en Suisse, en Autriche, à Hong Kong et au Mexique, ainsi qu’à des proches engagés dans des opérations de blanchiment. Si l’enquête a été étouffée par la direction républicaine de Floride, elle laisse une trace claire : Rubio est le produit d’un système avec lequel se confondent pouvoir politique, réseaux mafieux et opérations financières clandestines. Sa carrière – fabriquée dans la droite radicale de Miami, nourrie par l’argent de la contre-révolution et protégée par les appareils du Parti républicain – s’inscrit dans la continuité d’une tradition floridienne où les frontières entre politique, mafia, renseignement et corruption ont toujours été poreuses [10].

Miami, refuge et base arrière des paramilitaires colombiens
Miami joue également un rôle central dans la protection des paramilitaires colombiens. Les procès des chefs paramilitaires extradés par le président Álvaro Uribe ont été manipulés à Miami pour empêcher qu’ils ne révèlent les liens entre l’État colombien, les États-Unis, les AUC (paramilitaires), les multinationales et le narcotrafic.
Justice interrompue : des paramilitaires en Colombie, des prisonniers privilégiés aux États-Unis : « Le département de la Justice des États-Unis a traité les affaires des extradés en secret, non seulement en empêchant l’accès à la documentation originelle nécessaire pour les comprendre, mais encore en dissimulant des informations et même en effaçant des accusés comme Giraldo des dossiers judiciaires » [11].

Quelques paramilitaires vivent aujourd’hui librement en Floride après avoir servi la stratégie américaine. Dans une vidéo où ils déclarent : “Il y a plus de garanties aux États-Unis pour négocier. Ils reconnaissent que le territoire américain leur offrait une meilleure « protection ».
“Il y a plus de garanties de négocier aux États-Unis”, Unis: a avocats de paramilitaires extradés »
Ces réseaux paramilitaires achetaient leurs armes légalement aux États-Unis, comme l’a confirmé Jorge 40 devant la JEP (la Juridiction spéciale pour la paix).

Mais, quand on sait que des entreprises comme la United Fruit Company (devenue Chiquita Brands) ont financé les AUC et participé au trafic d’armes, on comprend mieux l’ampleur et la profondeur du système. Condamnée à une simple amende sans suspension de ses activités, Chiquita illustre la collusion entre intérêts privés transnationaux, paramilitarisme et politique etusienne.
« La multinationale Chiquita Brands a subi l’un des revers judiciaires les plus importants de son histoire. Un jury fédéral aux États-Unis a condamné l’entreprise à indemniser huit victimes des paramilitaires, après avoir établi que cette société avait financé ce groupe criminel pendant au moins sept ans »[12].
Marco Rubio et Álvaro Uribe : une alliance sous haute suspicion
La trajectoire de Marco Rubio ne s’arrête pas aux cercles mafieux et aux exilés anticastristes de Miami. Son alliance avec l’ex-président colombien Álvaro Uribe Vélez illustre l’extension internationale de ce réseau. Rubio et Uribe, tout en s’acharnant contre le Venezuela et ses alliés, partagent un passé qui soulève des conjonctures délicates. Comme l’a relevé Jean-Guy Allard , plusieurs observateurs qualifient parfois Rubio de “narco” en raison de sa proximité avec Uribe, dont l’histoire politique est entachée de liens avec le narcotrafic et de graves violations des droits humains [13].

Le casier judiciaire d’Uribe est long.
1. Uribe, reconnu coupable de corruption de témoins et de fraude procédurale [14].
2. Il est aussi responsable de politiques meurtrières telles que les “faux positifs”, où plus de 6 402 jeunes Colombiens ont été assassinés [15].
3. Uribe laisse la Colombie avec 32 000 disparus. Le parquet lance un recensement national des corps retrouvés dans des fosses communes [16]
4. Des câbles diplomatiques des États-Unis suggèrent des liens d’Álvaro Uribe avec des narcotrafiquants [17]




Ces crimes, pourtant connus internationalement, n’ont pas empêché Marco Rubio de recevoir officiellement Álvaro Uribe à Washington aux côtés du congressiste Mario Díaz-Balart, invoquant des “menaces graves » pour la démocratie régionale et la sécurité nationale des États-Unis [18]. Plus encore : Rubio est personnellement intervenu pour défendre Uribe, exerçant des pressions sur la justice colombienne afin d’obtenir sa libération — une ingérence qui s’apparente à un véritable chantage politique.


La Florida : matrice du pouvoir clandestin américain
La Floride, et Miami en particulier, est devenue le lieu où le terrorisme “allié” se blanchit. Les crimes politiques y gagnent une respectabilité institutionnelle, les paramilitaires deviennent des témoins protégés, et les réseaux narcos trouvent refuge et légitimité. C’est aussi dans cet écosystème que des figures comme Marco Rubio — faucon impérial façonné au cœur de ce milieu — construisent leurs carrières et façonnent leurs récits publics. Son ascension montre comment la droite radicale floridienne a prolongé l’héritage politico-criminel de l’exil anticastriste : un univers où la respectabilité électorale sert de vernis à des pratiques forgées dans l’ombre, et où extrême droite, circuits clandestins et politique convergent en une seule architecture de pouvoir.
Ce que Majfud documente pour 1976 n’est que la partie émergée d’un système beaucoup plus vaste. La Floride s’impose comme la zone grise stratégique des États-Unis, un espace avec lequel l’illégalité devient fonctionnelle, où le terrorisme se transforme en instrument géopolitique, et où l’histoire officielle ne retient que ce qui sert et légitime le pouvoir impérial. Aujourd’hui encore, ces dynamiques perdurent : des narco-paramilitaires, d’anciens criminels et des dirigeants corrompus – comme l’ex-président colombien Álvaro Uribe – sont légitimés par des acteurs politiques floridiens tels que Rubio. Ces alliances ne sont pas anodines : elles permettent de conspirer, de générer de nouvelles guerres, de prolonger la misère et de multiplier les morts en Amérique latine. Miami n’est donc pas un simple refuge historique ; c’est le cœur d’un dispositif impérial permanent où crime, violence politique et diplomatie se rejoignent au service des intérêts stratégiques des États-Unis.
Référence
[1] Little Havana’s Reign of Terror.Dick Russell.New Times, 29 octobre, 1976. latinamericanstudies.org
[2] Kennedy and Cuba: Operation Mongoose. https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/cuba/2019-10-03/kennedy-cuba-operation-mongoose
[3] Vicio en Miami: la mayor base de la CIA. Jorge Majfud, https://majfud.org/2024/09/27/vicio-en-miami-la-mayor-base-de-la-cia/
[4] Long View: How the Fight Against Castro Once Terrorized U.S. Cities. Alan McPherson. 10 octobre, 2018. https://www.americasquarterly.org/fulltextarticle/long-view-how-the-fight-against-castro-once-terrorized-u-s-cities/
[5] A History of US Terrorism against Cuba — The Cuban Five’s Campaign Against Terrorism.Marjorie Cohn. https://www.iadllaw.org/files/Marjorie%20Cohn%20The%20Cuban%20Fives%20campaign%20against%20terrorism.pdf
[6] Marco Rubio’s Ties to a Drug-Smuggling Brother-in-Law Were Closer Than Advertised. Tim Elfrink. 26 octobre, 2016. https://www.miaminewtimes.com/news/marco-rubios-ties-to-a-drug-smuggling-brother-in-law-were-closer-than-advertised-8873774/
[7] As GOP Whip, Rubio Helped Ex-Con Brother-in-Law Get Real Estate License. Margaret Hartmann. https://nymag.com/intelligencer/2015/12/whipe-rubio-helped-ex-con-brother-in-law.html
[8] Radio and TV Martí: Washington Guns after Castro at Any Cost. COHA. 29 mars, 2006. https://coha.org/radio-and-tv-marti-washington-guns-after-castro-at-any-cost/
[9]When the Servants Cry: US-Funded Anti-Cuban Media are Pleading for Money. Randy Alonso Falcón. 19 mars, 2025. https://resumen-english.org/2025/03/when-the-servants-cry-us-funded-anti-cuban-media-are-pleading-for-money/
[10] Rubio confirms he met with indicted ex-Florida lawmaker over Venezuela. Gary Fineout. 12 juliette, 2022. https://www.politico.com/news/2022/12/06/marco-rubio-david-rivera-venezuela-meeting-00072652
[11] Justicia interrumpida: Paramilitares en Colombia, presos privilegiados en Estados Unidos. Deborah Sontag. 09 septembre, 2016. https://www.nytimes.com/es/2016/09/09/espanol/america-latina/paramilitares-colombia-narcotrafico-uribe-violencia-justicia-paz.html
[12] Los informes de Jorge Restrepo y la empresa gerenciada por Yohir Akerman a favor de Chiquita Brands. Nicolás Sánchez Arévalo. 23 juin, 2024. https://voragine.co/historias/investigacion/los-informes-de-jorge-restrepo-y-la-empresa-de-yohir-akerman-a-favor-de-chiquita-brands/
[13] La alianza entre Marco Rubio y Álvaro Uribe levanta sospechas. Jean-Guy Allard. https://www.polodemocratico.net/la-alianza-entre-marco-rubio-y-alvaro-uribe-levanta-sospechas/
[14] Así le hemos contado el juicio contra el expresidente Álvaro Uribe. ElPais. 29 juillet, 2025. https://elpais.com/america-colombia/2025-07-29/ultima-hora-del-juicio-contra-el-expresidente-alvaro-uribe-en-vivo.html
[15] Quién dio la orden. https://corporacionparaeldesarrolloregional.org/campanas/quien-dio-la-orden/
[16] Uribe deja a Colombia con 32.000 desaparecidos. Antonio Albiñana. 07 septembre, 2010
[17] Cables diplomáticos de Estados Unidos sugieren nexos de Álvaro Uribe con narcotraficantes. Nicholas Casey. 25 mai, 2018. https://www.nytimes.com/es/2018/05/25/espanol/cables-uribe-narcotrafico-colombia.htm
[18] Expresidente Álvaro Uribe se reunió con el secretario de Estado de EE. UU. Marco Rubio. Mayo, 2025. https://www.elheraldo.co/colombia/2025/05/01/expresidente-alvaro-uribe-se-reunio-con-el-secretario-de-estado-de-ee-uu-marco-rubio/




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